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Titre :La Mère Toinon
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Benoist-Mary
Interprète(s) :Decoret, Gérard
Genre :Café-concert
Fichier audio :
Support d'enregistrement :Cylindre
Format :Standard (enregistrement acoustique)
Lieu d'enregistrement :Dardilly, Rhône, France
Marque de fabrique, label :Décoret-Pathé
Date de l'enregistrement :1975 c.
Couleur de la pâte :marron
État :gravure amateur
Vitesse (tours/minute) :103
Matériel employé au transfert :Archéophone, pointe Edison sur Ortofon APS
Date du transfert :15-09-2003
Commentaires :Texte du contenu ci-dessous. Coll. Gérard Decoret.
Texte du contenu :La mère Toinon, texte de Benoist-Mary, lu par Gérard Decoret* [fragments, vers 1975]


Mademoiselle qu'y m'a dit, vous avez une jolie voix. - Si vous aviez étudié le chant, vous seriez devenue une grande cantharide !...
Enfin bref ! D'une raison à l'autre, d'honnêtetés en politesses, y m'a dit des mots si tellement bien placés dans la conversation, que j'y comprenais plus rien, tellement qu'il avait d'instrucation et qu'il était galant, ce gros pâté.
Quand j'ai vu qu'y parlait tout le temps, je me suis dit : "Sûrement si y continue, y va prendre la pépie dans c't' allée ! Comment diable que je vas faire pour la lui lever ?" Moi, je sais bien lever la pépies aux poules... On leur râcle la langue avêque un couteau... Seulement je pouvais pas dire à c't' homme, que je connaissais ni d'Evre ni des dents : "Tirez votre langue, je vas vous la râcler !" Ça n'aurait pas été convenable !...
Heureusement que je portais une bouteille d'arquebuse dans mon cabas, alorsse, y m'est venu à l'idée de lui offrir la goutte. Je voyais bien que dépuis un moment y guignait ma bouteille, vu que le goulot dépassait...
Alorsse je lui ai dit : "Je comprends bien, mon bon monsieur, que c'te bouteille vous tente... Si j'avais vu de vous rencontrer, j'aurais apporté des petits verres et un tire-bouchon... Seulement dans une allée, surtout quand on n'est pas prévenu on n'est pas organisé pour payer la goutte aux hommes !"
- Oh, il a bien compris, il a été bien raisonnable. - Donnez-moi votre bouteille, je m'en charge. À la guerre comme à la bataille!"
Qui n'a pas vu ça n'a rien vu !... Il a enfoncé le bouchon avecque son doigt dans le goulot... jamais de ma vie j'ai vu une homme avoir tant de mogne !...
Ensuite il a mis la bouteille sous son nez, y m'a sifflé ma demi-bouteille, dans un coin d'oeil ! J'en étais tomate !.. "Eh ben j'ai dit, il en a une pente !... Quelle margoulette bien organisée !... C'est pas un gosier, c'est le canal de Suède !".
Quand il a sorti la bouteille de dessous son nez, il en manquait plus de la moitié.
C'était pas présentable !
Alorsse il a emporté le restant chez lui !
Le lendemain, à 7 heures du matin, il était à ma porte, pour me rapporter ma bouteille, vide... et là dévinez ce qu'y m'a dit !... oh non ! ça peut pas se déviner... y faut y avoir passé pour y savoir !...
Y m'a demandé ma main... oui !!!
C'était la première fois que pareille chose m'arrivait, et moi, pauvre innocente, j'étais pas habituée à ces choses-là ! C'est pas que j'ai pas été demandée en mariage un couple de fois déjà... Quand on est connue comme moi, tant soit peu drôle de figure, y n'en faut pas davantage pour être recherchée par les hommes du sesque masculin !...
- Mais c'est égal, c'te fois, je sentais que c'était pas un prétendant volage !
Mais, faire un coup de tête pareil, quand on est si jeune !... Pensez voir qu'à l'époque, je n'avais encore que cinquante-quatre ans !
Ça m'a donné un tel coup si tellement violent, que j'ai été obligée de m'asseoir sur mon chauffe-pied... et j'ai pardu connaissance !...
Je ne suis revenue à moi que quand j'ai sentu que ça me brûlait... Ça avait déjà fait une grande rondelle à ma robe !...
Alors je lui ai répondu, tout en me frottant l'endroit que me faisait mal, avêque de salife, que je voulais bien... Y m'a demandé ma main, je lui ai donnée, bien entendu, celle que n'était pas occupée...
Ah, j'ai ben de repentissance de m'être mariée si jeune!... J'ai pas bien rencontré... j'avais cru d'épouser un homme potable... et je me suis embringuée avêque une porte-à-pic. Toujours ça court les guinguettes...Ça n'a pas une minute de tranquillité!...

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* Gérard Marie André Decoret (27 janvier 1938 - Dardilly 19 octobre 2017).
Il fut un prince parmi les chineurs lyonnais, passionné d'instruments de musique mécanique et de phonographes, cylindres et disques 78 tours.
Grand chasseur de disques et cylindres ès puces et antiquailles, il a alimenté et enrichi tout au long de ses trouvailles les collections de nombreux amateurs, parmi les plus éclairés. Son amour du patrimoine lyonnais et son goût de la facétie l'ont conduit à graver quelques cylindres comme celui-ci.
Il publia un modeste récit personnel à compte d'auteur : Nuits de chine ou 40 ans de passion d'un chineur. Lyon : impr. Bellier, 2001, 58 pages.

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Texte de Benoist-Mary complet :

La mère Toinon - Monologue en vieux lyonnais - par Benoist-Mary

(La mère Toinon entre comme une bombe en criant à tous les échos :)

Toîne !... Toîne !... Ah mon Dieu ! c'est le darnier jour de ma vie !... Toîne !... Vous l'avez pas vu ? Enfin l'avez-vous vu ?... Pas rien la lune, pardine !... Mon homme !... Mon Toîne (appelant) Toîne !... - Sérieusement vous l'avez pas vu ?... Dire que voilà deux heures que je couratte après... j'en ai des rampes d'estomaque... Hé ! quel homme intempestif et défectueux !... Homme sans coeur et sans miséricorde !... Chimère de l'apocalypse !... Dire que ces diables d'hommes c'est tous les mêmes !... Tad de pillandres !... Plus on les aime, plus ils vous en font !... On dirait qu'y le sentent !... Tas de crapauds... Hé ! qu'on a tort de s'y attacher comme ça !... Si on les menait davantage par le bout du nez, y lèverions pas tant la crête !... Oh oui alorsse !... Eh ben on dit ben ça... Et pour changer nous sommes toujours trop faibles... On n'a pas seulement le courage de les gronder ces gros boîmes-là ! On est ben trop heureuses quand y rentrent à la maison ces gros poulots... On les coquerait plutôt deux fois qu'une.
Ah ! on a ben raison de dire : "Le mariage c'est une loterie-tombola...". C'est comme une cheminée qui vous dégringole sur le casaquin !... C'est azu m'ment qu'on y pense le moins que ça arrive le plusse... Et ensuite on se trouve emplâtré jusqu'après la fin de ses jours... Pour se déplâtrer, c'est pas commode !...
Enfin, comme dit le proverbe : "L'occasion fait le baron !"... Moi d'abord, j'ai pris mon homme d'occasion... Enfin quoi ! je l'ai eu de rencontre !... Avant que de le voir, je le connaissais pas !... Oui, oui, je vous jure que j'ai fait sa connaissance, la prémière fois qu'on s'a rencontré tous les deusses !... C'est ben comme on dit : "On sait comme qu'on sort de chez soi, mais on sait pas comment qu'on y rentre !" Moi, j'ai trouvé mon homme bien par hasard !... C'était dan une allée de la Grand'Côte... Y tombait une singotte et j'étais entrée dans c't' allée pour la laisser passer, pour pas benouiller bon beau bonnet floqueté et tuyauté du matin.
Y avait déjà dans c't' allée une homme qui y était avant moi, comme de bien s'entend... C't' homme me renuclait... Moi, je l'arregardais aussi... Mais sans le regarder, tout en le regardant... Je le guignais, comme on dit, en tapis noir. Mais je pensais dedans moi : "Que c't' gomme a donc bonne façon !... Quel beau bel homme !... Bel homme et joli homme !..." ... Avec un beau paire de moustaches noires... bien frisées... un beau nez... bien rouge et un joli cou bien gras, qu'on aurait dit du gras double...
Je pensais : C't' homme doit pas être d'ici, il est trop bien !... Y doit être par là du Beaujolais !..."
Voilà qu'au bout d'un bon m'ment, avec beaucoup de politesse, de distinction et de savoir-vivre... et sans me connaître aucunement, y tire... - oh ! Quand je pense à ça ! - y tire de sa poche une tabatière queue de rat... et y m'offre une prise, comme ça, de brute-en-blanc. Moi je la prends avêque les cinq doigts et le pouce, je la mets à mon nez, j'éternue, comme de bien s'accorde. Si j'avais pas éternué, ça l'aurait mortifié. "À vos souhaits, qu'y me dit, Madame... ou Mademoiselle, on ne sait pas..."
"Mais si Monsieur, on le sait !"
Quand il a vu que j'étai t'une demoiselle, y m'a offert une seconde prise. Ah ! c'te fois j'ai pas marchandé ma voix... je lui ai donné toute celle que j'avais dans le ventre, en éternuant encore plus fort... thioum !!! Oh ! qu'il a été content !...

Mademoiselle qu'y m'a dit, vous avez une jolie voix. - Si vous aviez étudié le chant, vous seriez devenue une grande cantharide !...
Enfin bref ! D'une raison à l'autre, d'honnêtetés en politesses, y m'a dit des mots si tellement bien placés dans la conversation, que j'y comprenais plus rien, tellement qu'il avait d'instruction et qu'il était galant, ce gros pâté.
Quand j'ai vu qu'y parlait tout le temps, je me suis dit : "Sûrement si y continue, y va prendre la pépie dans c't' allée ! Comment diable je vas faire pour la lui lever ?" Moi, je sais bien lever la pépies aux poules... On leur râcle la langue avêque un couteau... Seluement je pouvais pas dire à c't' homme, que je connaissais ni d'Evre ni des dents : "Tirez votre langue, je vas vous la râcler !" Ça n'aurait pas été convenable !...
Heureusement que je portais une bouteille d'arquembuse dans mon cabas, alorsse, y m'est venu à l'idée de lui offrir la goutte. Je voyais bien que dépuis un moment y guignait ma bouteille, vu que le goulot dépassait...
ALorsse je lui ai dit : "Je comprends bien, mon bon monsieur, que c'te bouteille vous tente... Si j'avais vu de vous rencontrer, j'aurais apporté des petits verres et un tire-bouchon... Seulement dans une allée, surtout quand on n'est pas prévenu on n'est pas organisé pour payer la goutte aux hommes !"
- Oh, il a bien compris, il a été bien raisonnable. - Donnez-moi votre bouteille, je m'en charge. À la guerre comme à la bataille!"
Qui n'a pas vu ça n'a rien vu!... Il a enfoncé le bouchon avecque son doigt dans le goulot... jamais de ma vie j'ai vu une homme avoir tant de mogne !...
Ensuite il a mis la bouteille sous son nez, y m'a sifflé ma demi-bouteille, dans un coin d'oeil ! J'en étais tomate !.. "Eh ben j'ai dit, il en a une pente !... Quelle margoulette bien organisée !... C'est pas un gosier, c'est le canal de Suède !".
Quand il a sorti la bouteille de dessous son nez, il en manquait plus de la moitié.
C'était pas présentable !
Alorsse il a emporté le restant chez lui !
Le lendemain, à 7 heures du matin, il était à ma porte, pour me rapporter ma bouteille vide... et là dévinez ce qu'y m'a dit !... oh non ! ça peut pas se déviner... y faut y avoir passé pour y savoir !...
Y m'a demandé ma main... oui !!!
C'était la première fois que pareille chose m'arrivait, et moi, pauvre innocente, j'étais pas habituée à ces choses-là ! C'est pas que j'ai pas été demandée en mariage un couple de fois déjà... Quand on est connue comme moi, tant soit peu drôle de figure, y n'en faut pas davantage pour être recherchée par les hommes du sesque masculin !...
- Mais c'est égal, c'te fois, je sentais que c'était pas un prétendant volage !
Mais, faire un coup de tête pareil, quand on est si jeune !... Pensez voir qu'à l'époque, je n'avais encore que cinquante-quatre ans !
Ça m'a donné un tel coup si tellement violent, que j'ai été obligée de m'asseoir sur mon chauffe-pied... et j'ai pardu connaissance !...
Je ne suis revenue à moi que quand j'ai sentu que ça me brûlait... Ça avait déjà fait une grande rondelle à ma robe !...
Alors je lui ai répondu, tout en me frottant l'endroit que me faisait mal, avêque de salife, que je voulais bien... Y m'a demandé ma main, je lui ai donnée, bien entendu, celle que n'était pas occupée...
Ah, j'ai ben de repentissance de m'être mariée si jeune!... J'ai pas bien rencontré... j'avais cru d'épouser un homme potable... et je me suis embringuée avêque une porte-à-pic. Toujours ça court les guinguettes...Ça n'a pas une minute de tranquillité!...
Oh ! Les diables d'hommes ! Si avant que de me marier, j'avais su comme y valions peu !... ma parole d'honneur la plus sacrée...
Je me serais mariée tout de même !...
D'abord je suit tellement amitieuse ! Comme on dit : où la chèvre est antichée, il faut qu'elle broute ; c'est dans ma nature, moi je suis comme le lièvre (je mords quand on m'attache).
Mais, je vas vous le charcher tout de même et si je le trouve je lui fiche une tatouille!...
Seulement lui dites pas que vous m'avez vue... n'est-ce pas ?... lui dites pas que je vous ai rencontrés... Tout ça , ça fait des patrigots, des dits et des redits... et finalement, c'est ce qui amène la dyssentrie dans les ménages.








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