Tenez, quand je vais chez Françoise
Une femme qu'est amoureuse de moi
Si elle s'occupe chez sa bourgeoise
J' grimpe dans sa chambre qu'est sous les toits
Par la fenêtre, je plonge les yeux
Et c' que je vois, c'est merveilleux
En face, le monsieur du cinquième
Se lave les pieds tous les mardis
Pendant qu'il trempe dans l' café-crème
Un p'tit croissant tout racorni
À côté, il y a une grosse douairière
Qui, en s' mettant les bigoudis
Devant la glace fait des manières
Sans soutien-gorge au pied d' son lit
Quéque fois, je vois la lune paraître
De la fenêtre
Au quatrième, y a un bonhomme
Un p'tit barbu qu'est musicien
Il monte la gamme sur son trombone
En f'sant des trucs, des va-et-vient
Faut l' voir souffler dans l’instrument
Gonfler ses joues pour faire du vent
Sur l' palier, c'est une famille
Le père, la mère, les cinq enfants
Un canari qui s'égosille
Et un gros chat qui miaule tout l' temps
Au troisième, c'est un p'tit jeune homme
Qui se promène en caleçon d' soie
I' s' met du rouge sur la pomme
"Qu’est-ce que j' t’ai fait, mon Dieu, tais-toi !"
Pour ses voisins, j' prends la lorgnette
Car c'est l'étage des amoureux
Ils s' font des papouilles en liquette
J'en vois de drôles, c'est merveilleux
C'est curieux, ce qu'on peut connaître
De la fenêtre
Après tant d' choses, dame ! ça s'explique
Je ne sais plus où va mon r'gard
En haut, en bas, tout ça s' complique
Et d'vant moi, j’ai comme un brouillard
Malgré ça, récapitulons
Ce qui se passe dans la maison
En face, le monsieur du cinquième
S' lave le trombone tous les mardis
Le p'tit barbu du quatrième
A l' café-crème tout racorni
Y a l' bâton d' rouge qui s'égosille
Les enfants miaulent au pied du lit
L' soutien-gorge du père de famille
Au jeune homme tient les bigoudis
Pendant c' temps-là, la douairière
Marche dans la glace en caleçon d' soie
Le canari fait des manières
Tandis qu' le chat lui crie "Tais-toi !"
Le va-et-vient de la lorgnette
Fait des papouilles aux amoureux
Les croissants s' promènent en liquette
Pendant qu' la lune est en plein feu
J' finis par ne plus m’y reconnaître
De la fenêtre
Olé !
Olé !