Paroles et musique : Chavat et Girier - Éditeur : Chavat, Paris (1910)
Je n' sais pas si c'est la salade
Le p'tit vin blanc ou les liqueurs
J'ai l' bouchon à la rigolade
J' peux dire que j' tiens une cuite d'emp'reur
Si j' dégottais une courtisane
Oh ! une cocotte à son rideau
Très chic, quéqu' tu cherches, ma faisane ?
Un coq pour faire cocorico ?
J'ai justement envie d' chanter
Dis donc, poupoule, est-c' qu'on peut monter ?
Oui, j' sais bien, j'ai la trogne d'un moine
Mais d'un carme j'ai la fermeté
Et comme le copain d' saint Antoine
J' suis amoureux quand j' suis blindé
Mon moteur, j' te l' jure, est d'attaque
Pour l'essence, on est un peu là !
Y aura jamais une roue qui craque
Y aura pas un pneu qui crèv'ra :
Caoutchouc d' première qualité...
Dis donc, poupoule, est-c' qu'on peut monter ?
Tu n' dis rien ?... Faut-y pour te plaire
Être un ministe ou un banquier ?...
Moi, j' suis pourtant un type qu'éclaire
Puisque j' suis ouvrier gazier
Tiens, j' peux t' poser un bec tout d' suite
Ou bien t' mettre un manchon gratuit
Ou encor te boucher une fuite
Et puis t' souffler dans un conduit !
T'as sûr'ment des globes à frotter...
Dis donc, poupoule, est-c' qu'on peut monter ?
Allons, fais un signe, jolie blonde !
On s'ra mieux chez toi pour causer
Il n' faut pas parc' que t'es gironde
En profiter pour m' faire poser
C'est pas chouette, tu m' laisses à la porte
T'as peur que j' te fasse un enfant ?
Crains rien... j' sais comment on s' comporte
En visite, j' mets toujours des gants
Tu vois, y a plus à hésiter
Dis donc, poupoule, est- c' qu'on peut monter ?
Hein ! t'as pas zyeuté ma figure
T'as l' culot de d'mander trois francs !
J'ai des principes, j' paye en nature
Avec les femmes, jamais d'argent !
Casquer, ça m' fait l'effet contraire
Et puis on passe pour des navets
Tu peux t' bomber, y a rien à faire
Mais c' que j' te pardonn'rai jamais
C'est d' m'avoir pris pour un miché !
Tiens, tu m' dégoûtes, j' m'en vais m' coucher !