Paroles : Belhiatus, Rimbault - Musique : Gaston Maquis - Éditeur : Labbé, Paris (1906)
Ah ! ma pauvre vieille, brave femme de mère
C'était ta fête et j'y étais pas
La chose m'a paru bien amère
Mais c'est pas la faute à ton gars
On m'a collé huit jours de boîte
Pour un p'tit rien juste au moment
Que j' m'en allais, ah ! c'est pas chouette
On est trop dur au régiment
Qu'est-c' t'as dû dire, pauvre vieille là-bas
De n' pas voir arriver ton gars ?
T'as ben sûr sorti d' notre chaumière
Pour aller voir arriver l' train
Tu t'es mis là d'vant la barrière
Essayant de l' voir dans l' lointain
Quand t'as aperçu la fumée
T'as vite agité ton bâton
T'écriant, heureuse, transformée :
Le v'là, le v'là, mon beau fiston !
Ah ! quand t'as vu qu' j'y étais pas
J' vois d'ici tomber tes pauvres bras
J'aurais pu m' cavaler sans doute
Mais bah ! valait mieux rester d'dans
On m'aurait r'pris sûr'ment en route
Et tu m'aurais pas r'vu d' longtemps
C'est la première fois que j' la saute
Ta fête, j'ai jamais manqué d' ça
Oui, mais c'te fois c'est pas d' ma faute
J' croyais bien être près d' toi c' jour-là
Je m' sentais fort, je m' disais : Bah !
Mais j' pleurais comme un gros bêta
Ça fait rien, va, v'là l' temps qui passe
On s'embrass'ra tout d' même bientôt
Tiens, tu sais, ma paie n'est pas grasse
J' t'envoie tout d' même un p'tit cadeau
Eune tabatière presque en écaille
Et qui a quatre sous d' tabac d'dans
I' t' souhaite, ton gars, ta grosse canaille
D'y prendre ta prise jusqu'à cent ans
Allons, va, tâchons d' prendre le d'ssus
On s'embrass'ra une bonne fois d' plus