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Création : Dranem (1910)
À la noce au fils Piedalouette
On a mangé et bu comme des trous
On a chanté la chansonnette
Et rigolé comme de vrais fous
Ah ! mes amis, quelle noce et que d'invités ! et un repas extraordinaire ! Au dessert, chacun y a chanté la sienne mais chaque fois y avait une anicroche.
Ainsi, le cousin Barnabé nous a déclamé : Mon histoire, messieurs les juges, mon histoire, messieurs les juges, mon histoire…
Allez, va, je dis, parle pas de ton histoire, y a des demoiselles qui nous écoutent.
Ensuite, le garçon d'honneur nous a chanté : Ah ! les p'tits pois, les p'tits pois, les p'tits pois.
C'est pour moi que vous chantez ça ? dit le beau-père qui en avait mangé à se faire péter le nombril.
Eh non, dit le garçon d'honneur. Tenez, je vais vous chanter autre chose : Le cristal le plus pur…
Parlez pas de cristal, lui dit tout bas le marié, y a ma belle-mère qui a un œil de verre, ça pourrait la vexer.
Alors la mariée dit à sa petite sœur : Chante-nous quelque chose, Caroline.
Et la petite, tout heureuse, chante en se trémoussant : J'ai du canadi, j'ai du canada, j'ai du poil aux yeux comme un xxxxxx
Mes compliments, dit un invité.
Et la belle-mère qui se lève et qui nous chante : Aïe, l'envie me démange, l'envie me démange, l'envie me démange…
Eh bien, si ça vous démange tant que ça, belle-maman, vous n'avez qu'à vous gratter.
Alors le frère de la mariée se lève et chante d'une voix de ténor fondue : Hum, hum… La fleur que tu m'avais jetée, dans ma prison était restée…
Parlez pas de prison, malheureux, dit le beau-père, y a un invité qu'a tiré cinq ans à Fresnes. Heureusement, il est sourd comme un pot. Tenez, à propos de pot, dit le beau-père, excusez-moi mais j'ai besoin de me retirer un petit instant, les petits pois m'incommodent.
Alors, je me mets à lui chanter : Le vent souffle dans la ramure.
C'est pas dans la ramure, dit le beau-frère, c'est dans les cabinets.
Tout à coup, voilà que toute la noce se met à crier en chœur sur les lampions : La mariée ! la mariée ! chantera, chantera pas !
Alors la mariée se lève et, rouge comme une tomate, elle nous chante : Ah la la la la, voilà les Anglais…
Eh bien, c'est bien ma veine, dit le marié, juste le jour de ma noce ! comme s'ils ne pouvaient pas arriver quarante-huit heures plus tard !
Ah ! ah ! ah ! …