Dernièr'ment, dans un p'tit village
Un vieux couple de paysans
Fit un beau matin l'héritage
D'une somme de sept cent cinquante francs
La femme qui n' s'était de sa vie
Jamais fait photographier
Dit à son homme toute ravie :
Ah, ah, eh ben, cette fois, Zidore, je vas m' faire photographier
Pour Paris elle quitte le village
Elle s'embarque sans plus d'embarras
Ayant soin de n' prendre comme bagage
Que sa chatte qu'elle mit dans son cabas
Comme elle aimait beaucoup cette bête
Elle s'était fait c' raisonn'ment-là :
Tiens, tiens, tiens, tiens, tiens, et j' vas faire tirer aussi Minette
Ça n' coût'ra pas plus cher pour ça
En arrivant gare Saint-Lazare
Elle avise de suite un cocher
Qui stationnait tout près d' la gare
Et lui dit : Voyons, vous allez m' mener
Tout d' suite chez un... comment donc on z'appelle ça ici ? un... photographe !
Le cocher, n' faisant pas attention
Croit comprendre : Dans un télégraphe
Et la mène sans plus d'explication
Elle entre et sur un grand grillage
Elle voit écrit : Renseignements
Derrière se t'nait un homme d'âge
D'un abord assez complaisant
Elle s'avance, pleine de gaillardise
Et lui dit : Bonjour, monsieur, bonjour
Eh ben, voyons, j' voudrais qu' vous m' fassiez ça
Quatre fois d'bout et puis quatre fois assise
Vous comprenez que l'employé resta baba
Puis elle ajoute, montrant sa bête
Que son panier tenait caché :
Ah oui, mais c'est qu' c'est pas tout, c'est que j' veux aussi qu' vous m' fassiez Minette
Mais qu' ça soit par-dessus l' marché !