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Je connais pas mal de gens
Qu'ont un bien mauvais principe
Ils se sauvent devant les types
Auxquels ils doivent de l'argent
C'est idiot, ça manque de cran
Moi, l'autre soir, j' vois rue d' Trévise
Mon tailleur Jacob Moïse
À qui j' dois vingt-cinq mille francs
Au lieu de changer d' chemin
J' cours à lui, j' lui tends la main
Je l' prends par son pardessus
Et je crie, lui sautant d'ssus :
{Refrain :}
Ah ! il y a un siècle qu'on n' s'était vus
Alors, vous êtes en prom'nade
Mais qu'étiez-vous donc d'venu
Auriez-vous été malade
Comment s' portent votre dame
Et votre petit Abraham
Et votre cousine Rachel
Est-c' qu'elle est toujours à Chelles
Et votre oncle Samuel Khan
Est-c' qu'il est toujours à Cannes
Et votre petite Rebecca
A-t-elle son certificat
Et votre neveu Lévi
Est-c' qu'il est toujours en vie ?
Sapristi, v'là mon tramway
Excusez-moi, je m'en vais
Bonsoir, bonsoir, je vous salue
Y a un siècle qu'on n' s'était vus
J'étais l' malheureux amant
D' la plus jalouse des tigresses
Elle m'avait dit : Si tu m' laisses
Je te zigouill'rai froid'ment
Y a deux mois, j' suis descendu
Disant : J' cours à la civette (*)
Pour ach'ter des cigarettes
Et je n' suis jamais rev'nu
Or, comme j'allais me prom'ner
Hier, on s' trouve nez à nez
Au lieu d' me sauver, j' m'écrie :
Tiens, c'est donc toi, ma chérie
{Refrain :}
Ah ! il y a un siècle qu'on n' s'était vus
Alors, tu es en prom'nade
Mais qu'est-c' que tu es d'venue
Aurais-tu été malade
Et comment va ta maman ?
T'as un caraco charmant
Dis donc, et ton perroquet
A-t-il toujours le hoquet
Et la grand-mère à ton n'veu
S'est-elle fait couper les ch'veux
Et ta p'tite sœur Artémise
Fait-elle toujours dans les ch'mises ?
T'as un chapeau épatant
J'ai vu l' pareil au Printemps
Nom d'un chien, v'là l'autobus
On m'attend boul'vard Picpus
Bonsoir, bonsoir, je te salue
Y a un siècle qu'on n' s'était vus
On dit qu' pour les comédiens
Au paradis y a pas d' place
Ben, c'est pas ça qui m' tracasse
Pour y entrer j' m'arrang'rai bien
À la porte du Créateur
J'irai tirer la sonnette
Et au pip'let, d'une voix nette
Je crierai : Voilà l' facteur !
Et quand saint Pierre ouvrira
Je le prendrai dans mes bras
Dans sa loge je le pouss'rai
J' l'embrass'rai et j' lui dirai :
{Refrain :}
Ah ! il y a un siècle qu'on n' s'était vus
Alors, vous êtes en prom'nade
Et qu'étiez-vous donc d'venu
Auriez-vous été malade
Et comment va saint Médard
Vend-il toujours des riflards
Est-il vrai que saint Thomas
Vient d' monter un cinéma
Est-il vrai que saint Xavier
A dans le foie des graviers
Et ce pauvre saint Ignace
Des totos dans la tignasse ?
Sans que saint Pierre n'ait rien dit
J'entrerai dans l' paradis
Une fois en haut du saint lieu
J' dirai au papa : Mon Dieu
Bonsoir, bonsoir, je Vous salue
Y a un siècle qu'on n' s'était vus