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Titre :Discours de la princesse Elizabeth, à l'Exposition Huit siècles de vie britannique à Paris, au palais Galliera, 14 mai 1948, partie 1
Compositeur(s) et-ou auteur(s) :Elizabeth II, reine d'Angleterre
Interprète(s) :Elizabeth II, reine d'Angleterre
Genre :Discours politique
Fichier audio :
Photo(s) :
PhotoPhoto
Support d'enregistrement :Disque
Format :30 cm aiguille (enregistrement électrique)
Lieu d'enregistrement :Paris, France
Marque de fabrique, label :Pyral Radiodiffusion Française
Date de l'enregistrement :1948-05-14
Instruments :Déclamation, diction, monologue
État :Exc++
Vitesse (tours/minute) :78
Matériel employé au transfert :Garrard 401, SME 3012, pointe 2,0CT sur Shure M44G, Elberg MD12 : courbe Decca, Cedar X declick, decrackle, dehiss
Date du transfert :28-01-2017
Commentaires :Texte du contenu ci-dessous.
Texte du contenu :Discours de la princesse Elizabeth, à l'Exposition Huit siècles de vie britannique à Paris, au palais Galliera, 14 mai 1948.

[Face 1 : http://www.phonobase.org/11025.html]

[volée de cloches au loin tout au long du discours, et chants d'oiseaux]

- Monsieur le président, mesdames, messieurs.
Il y a bien longtemps que je désire venir en France. Le souvenir que conservent mes parents de leurs fréquents séjours dans votre pays n'a fait que d'accroître mon impatience d'être à Paris. Je ne puis vous dire toute la joie que j'éprouve aujourd'hui à me trouver enfin parmi vous. Plus favorisé que moi, mon mari connaissait déjà votre admirable capitale ; il n'en est que plus content d'y revenir. Et ce voyage est, pour nous deux, un événement à la fois important et agréable, rendu plus agréable encore par la chaleur de votre accueil dont nous sommes profondément touchés et reconnaissants.
Ma visite à Paris est la première que je fasse dans un pays étranger. C'est la première fois en effet que je quitte le sol britannique. Je suis particulièrement heureuse que ce soit pour venir en France. Durant des siècles, la France et l'Angleterre ont été en lutte pour des causes qui, à l'époque, semblaient avoir la plus grande importance ; il est utile et salutaire que ces faits soient rappelés dans les manuels d'histoire. Le contraste de nos anciennes rivalités avec la confiance qui règne maintenant entre nos deux pays démontre de façon frappante que, parmi les nations comme parmi les individus, le plus ample antagonisme peut faire place à l'amitié la plus sincère.
Il y a, je crois, un enseignement à tirer de l'histoire de nos deux peuples, et nous avons le droit de l'offrir à un monde si tragiquement bouleversé. Ceux qui le voudront y trouveront une leçon qui porte en elle la promesse pour l'Europe d'un avenir meilleur. Puissent les hommes se persuader de cette vérité si bien exprimée par un de vos grands écrivains : "L'on est aussi souvent dupe par la méfiance que par la confiance".
Même au temps où la France et l'Angleterre se faisaient la guerre, les hommes de lettres continuaient à échanger leurs idées d'une rive à l'autre de la Manche ; cette liberté et cette largeur d'esprit ont été pour nos deux pays une source d'enrichissement. Cette exposition en est le témoignage. Elle s'inscrit d'ailleurs dans le cadre de la convention culturelle qui a été signée récemment et qui va permettre, malgré les difficultés de l'époque, d'intensifier les échanges intellectuels et artistiques entre la France et la Grande-Bretagne.
Aujourd'hui, si nous voulons échapper à la destruction, nous devons travailler à écarter les préjugés nés d'un nationalisme étroit. Pour les hommes qui ont le souci de sauvegarder les principes, à deux reprises nous avons, côte à côte, défendu au prix de notre sang, le moment est venu d'étendre leur horizon bien au-delà de leurs propres foyers.
Que ce soit moralement ou économiquement, aucune nation ne peut se suffire à elle-même. Il faut que nous puissions mettre en commun les dons et les vertus qui sont notre héritage le plus cher. La France et la Grande-Bretagne se doivent de prendre la direction de ce mouvement, car leur richesse est incomparable dès lors qu'elle se mesure en idée, en sagesse et en expérience. Si...
[fin de la face 1]

[face 2 : http://www.phonobase.org/11026.html]

... ces deux forces continuaient de s'exercer pour le bien commun, tous les hommes, et les Anglais comme les autres, ont beaucoup à apprendre des Français. Je souhaite que nous soyons en mesure de vous offrir quelque chose en échange. Si cette exposition vous aide à comprendre mieux encore notre passé et notre présent, elle aura réellement contribué à affermir cette union franco-britannique à laquelle je tiens tant. Je suis extrêmement heureuse qu'elle ait été l'occasion pour mon mari et moi d'un voyage en France, et j'ai grand plaisir à déclarer ouverte l'Exposition Huit siècles de vie britannique à Paris.

[suivi d'un montage : God save the Queen, 40 secondes, puis fade out, puis intervention d'un journaliste]:

- Je ne puis évoquer cette exposition consacrée au contact de notre capitale avec la vie britannique sans rappeler que l'hymne national anglais a pris naissance à la cour de Louis XIV. Lully le composa à l'occasion d'une visite solennelle du roi à la maison de Saint-Cyr. Les paroles étaient d'une Madame de Brinon : "Grand Dieu sauvez le roi, Grand Dieu vengez le roi, vive le roi, qu'à jamais glorieux Louis victorieux voie ses ennemis toujours soumis", etc., on les a heureusement oubliées. Haendel qui voyageait en France en 1721, recueillit l'air de Lully, et l'adapta aux paroles anglaises que vous connaissez *. L'Histoire ne s'occupe pas des chansons, et cependant elle devrait en constituer un chapitre important. Même un hymne national peut être un lien entre deux pays, et que dire des airs du folklore : voici une vieille chanson britannique les jolies rives du Lac Lomond. Les premières notes vont vous rappeler tout de suite notre récente Chanson des partisans. Il est vrai que celle-ci naquit à Londres.

[piano et chant femme :]

Heureux jour où nous serons arrivés au pays
Vois déjà le grand lac aux eaux claires
Pressons notre pas pour y être avant la nuit
Tu es gai mais je suis triste, mon frère
Tu prends la grand'route et je prends le sentier
Je serai avant toi au village
Mais moi ... jamais plus dire au ...
Près du lac au long, du long du rivage.

[Voix du journaliste]:

- Je n'ai pas le parti de ne vous faire entendre ce soir que des chansons. Peut-être trouverait-on cela trop léger quand il s'agit de célébrer les principaux événements anglo-parisiens ; mais, pour ceux qui l'ignorent, il sera sans doute amusant à ce propos de découvrir que certains airs qui ont bercé leur jeunesse de parisiens sont des airs anglais. Ainsi les trois chansons suivantes :

[Piano + chant homme, fragment de la chanson : Hop ! Eh ! Ah ! Di ! Ohé !]:

J’voyais devant moi
Trottiner sans émoi
Marchant tout droit, ma foi
Une jeune fille
Elle allait au boulevard
Au boulevard Rochechouart

[coupure de fin]

- - -

Sur la visite d'Elizabeth à Paris en mai 1948, voir aussi :
- https://www.leparisien.fr/archives/une-p-tite-princesse-a-paris-23-04-2016-5738093.php
- http://www.ina.fr/video/AFE85002004/la-princesse-elizabeth-a-paris-video.html

Sur la provenance de ce disque, retrouvé à Limoges en 2017, voir :
- https://web.archive.org/web/20170128112328/http://www.ebay.com/itm/361880667777

* À propos de la légende de Lully auteur du God save the king, tous les détails rapportés par le journaliste proviennent des Souvenirs, peut-être apocryphes, de la marquise de Créquy, publiés dans la 1ère moitié du début du XIXe s. Mais ce récit, s'il flatte notre fierté nationale, ne repose sur aucune preuve historique.
Voir notamment : https://web.archive.org/web/20220914150330/https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/mort-delizabeth-ii/god-save-the-king-lhymne-britannique-est-il-reellement-d-inspiration-francaise_5351503.html



















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