Paroles : M. Mozet, d'Azergue - Musique : Désiré Berniaux - Éditeur : Marcel Labbé - Paris (1907)
Depuis l’ matin, marchant sur la grande route
Un pauvre vieux torturé par la faim
De porte en porte va mendier une croûte
Par charité, rien qu’un morceau de pain
Vint à passer par hasard un gendarme
Flagrant délit ! pincé ! votre compte est bon !
Et sans pitié pour son âge et ses larmes
Menottes aux mains, le conduit en prison
{Refrain :}
C’est la loi ! c’est la loi !
Vieillards, vous êtes sur terre
Pour crever de misère
Lorsque la société
Vous a bien exploités
Ramassez votre besace
En prison y a d' la place
C’est la loi ! c’est la loi !
Pour se prouver leur commune tendresse
Deux amoureux folâtraient dans les blés
Quand surprenant leur prodigue jeunesse
L’ garde champêtre hélas ! vint les troubler
Demi-vêtu, l' jeune homme fila bien vite
Pendant qu’ le garde, gai luron d’autrefois
L’œil allumé, tout en grondant la p’tite
S’approchait d’elle, roucoulant à mi-voix :
{Refrain :}
C’est la lwè ! c’est la lwè !
Mais pour ces p’tites n'affaires
La loi ne compte guère
Puisque tu veux ce soir
L'amour, j’ connais mon d’voir
L'autr' m'a cédé sa place
Viens, mignonne, que j’ t’embrasse
V'là ma lwè ! une bonne lwè !
Un jeune soldat déjà père de famille
Ayant un soir bousculé son sergent
Passe au conseil et pour cette vétille
Est condamné au minimum cinq ans
Mon colonel, j’ suis un bon patriote
À mon pays j’ai donné deux Français
Pardonnez-moi pour que mes p'tiots boulottent
La mort dans l’âme, le colon dit : C'est vrai…
{Refrain :}
C’est la loi ! c’est la loi !
Pourtant mon cœur de père
Se révolte et se serre
Désormais, tes bambins
Vivront avec les miens
Jusqu'au jour où la France
F'ra la loi d’indulgence
C’est la loi ! triste loi !