Un jour qu'à son curé le sacristain Rémy
Venait de confesser, repentant et contrit
Avec deux trois péchés quelque vague fredaine
Le bon prêtre, bon vivant, profitant d' l'aubaine
Lui dit : Alors, c'est tout ? Tu n'as rien oublié ?
Rien, répondit Rémy d'un ton très assuré
Bah ! fit l' confesseur, déguisant un sourire
J'avais pensé pourtant que tu saurais m' dire
Qui donc boit mon vin fin sans y être invité
Un silence profond tendant à persister
Le bon pasteur reprit d'un air beaucoup plus grave :
Eh bien, voyons, qui boit le vin vieux d' ma cave ?
Rémy, toujours muet, confit en dévotion
Semblait ne pas ouïr l'indiscrète question
Ne voulant pas pousser les choses à l'extrême
Le bon curé donna l'absolution quand même
Puis, sortant du lieu saint, il fit : Vilain têtu
À ma question, pourquoi n'as-tu pas répondu ?
Mais je n'ai rien entendu, fit l'autre, l'air bonasse
On n'entend jamais rien, du reste, à cette place
Je vais m'en assurer, fit le prêtre vexé
Va t'asseoir à la mienne et parle avec clarté
Nous verrons si c'est là invention diabolique
Ou bien si c'est vraiment un défaut d'acoustique
Dès qu'ils furent placés, Rémy lui dit : Eh bien
Qui donc couche avec la femme du sacristain ?
L'autre ne soufflant mot, c'est sur une autre gamme
Qu'il reprit : Eh ben, voyons, qui couche avec ma femme ?
Alors le bon curé lui dit d'un ton très doux :
T'avais raison, Rémy, on n'entend rien du tout
La peinture
Il y a trois jours, j'étais en train de peindre un paravent. Tout à coup je vois mon gamin qui touche à la peinture. Veux-tu bien pas toucher à ça, que je lui fais - Et pourquoi ? - Pourquoi ? mais parce que c'est du poison - Ouh ! c'est de la poison ? mais qu'est-ce que ça me ferait ? - Ce que ça te ferait ? mais ça te ferait venir des gros bras, une grosse tête, un gros ventre - Ouh ! un gros ventre ? ben alors j'y touche plus, hé hé ! - Ben, t'as raison.
Le lendemain matin, sa tante qui était dans une position intéressante vient à la maison. Mon gamin va au-devant d'elle et lui dit : Dis donc, ma tante, mais t'as touché à la peinture, toi. - Comment ? j'ai touché à la peinture ? - Oh ! ben oui, pour avoir un si gros ventre, ben vrai, t'as dû avaler le pinceau !